Mise à jour: 21 juin 2022
Dans le cadre de notre série Portrait d’infirmière, Mélanie nous fait le récit de son installation en libéral. Après avoir exercé en Ehpad et en SSIAD, Mélanie découvre le métier d’infirmière libérale. De ces études à l’IFSI jusqu’à son installation à Paris, cette infirmière dévouée a accepté de nous décrire son parcours professionnel et sa passion pour sa profession.
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L’aide à la personne : une vocation
Fille d’une infirmière, Mélanie connaît sa première expérience professionnelle dans l’Ehpad où exerce sa mère. C’est ainsi qu’elle découvre la profession infirmière avec la spécificité du travail auprès des personnes âgées dépendantes et elle est « admirative des filles qui y travaillent« .
Alors jeune bachelière, elle souhaitait s’orienter vers le métier d’assistante sociale. Face à la difficulté du métier et aux nombreuses situations de détresse observées lors d’un stage dans le domaine, elle renonce à cette orientation car « ce métier n’est pas fait pour elle ». La jeune femme se décide donc à entamer des études en soins infirmiers.
Mélanie intègre l’institut de formation en soins infirmiers (IFSI) d’Amiens-Picardie en 2011. Diplômée en 2014, elle s’installe à Paris sur le conseil de ses parents car la ville offre plus d’opportunités pour une jeune infirmière. Elle débute donc sa carrière en Ehpad. En parallèle, elle effectue des vacations à l’hôpital privé d’Antony « pour ne pas perdre la main » sur les soins techniques. Elle rencontre alors la directrice d’un service de soins infirmiers à domicile (SSIAD) du 7ème arrondissement de Paris qui lui propose un poste dans sa structure.
Mélanie : une infirmière autodidacte et déterminée
En 2015, Mélanie rejoint une petite équipe d’infirmières à domicile. Elle collabore également avec des aides-soignantes pour la prise en charge des patients dépendants (toilettes complètes, etc…). Elle découvre alors les spécificités du soin à domicile et « gère plus ou moins en autonomie un secteur dans le 7ème ».
Alors qu’elle exerce en tant qu’infirmière en SSIAD, Mélanie découvre le métier d’infirmière coordinatrice. Elle observe énormément leur travail et nourrit un intérêt pour ce poste. La jeune infirmière se lance dans une recherche d’emploi. Un poste d’infirmière coordinatrice remplaçante est disponible à la mairie de Meudon. Malgré « zéro expérience », elle passe deux entretiens et décroche le poste en mai 2018.
À Meudon, Mélanie découvre la fonction publique territoriale. Elle bénéficie d’un accompagnement en amont et d’une formation pour apprendre les différents aspects du métier. Cette expérience professionnelle est « un apprentissage intensif » et elle gagne en compétences sur le terrain. La nouveauté offerte par ses nouvelles missions (gestion du budget, réunions, management d’équipe) « est vraiment géniale ».
Infirmière libérale : du remplacement à l’installation
La charge de travail trop importante et « moralement difficile » de ce nouveau poste finit par l’épuiser. Après 8 mois, « elle n’a plus la même motivation » et elle finit par tout remettre en question : « peut-être que tout s’est enchaîné trop vite ?« . Mélanie décide alors de « s’arrêter pendant une semaine » et de faire le point. Elle parcourt les offres d’emploi et postule au poste d’infirmière libérale remplaçante et est contactée par Julie, la titulaire.
Le premier contact se passe bien et l’infirmière titulaire offre sa chance à Mélanie. Elle entame donc les démarches administratives pour obtenir l’autorisation d’exercer, obligations chronophages et indispensables (CPAM, ONI, etc…). En mai 2020 et en pleine crise sanitaire, Mélanie se lance officiellement dans l’aventure du libéral.
Depuis, aucun doute, aucune hésitation. La nouvelle infirmière libérale est à sa place. Elle aime la liberté d’organisation, les tâches administratives et le fait de « gérer sa petite entreprise ». Dès les premières tournées de soins à Paris, les patients sont très accueillants et hormis quelques difficultés à appréhender les tâches de facturation, Mélanie se sent bien.
Aidée par son expérience d’infirmière coordinatrice, elle a des bases qui lui facilitent les tâches administratives. Elle participe régulièrement à des formations pour actualiser ses connaissances. Mélanie prend également le temps de se faire connaître des autres professionnels de santé de ville afin de créer du lien.
Désormais, Mélanie s’apprête à finaliser son projet de devenir IDEL en rachetant une patientèle à un infirmier libéral situé à Neuilly. Elle précise qu’elle achète avant tout « un nom, une réputation car les patients sont toujours libres de changer d’infirmier quand ils le souhaitent ». Le rachat de patientèle lui permet de s’installer plus sereinement qu’en partant de zéro.
Le relationnel : au cœur du métier d’IDEL
Mélanie évoque avec passion son métier d’infirmière à domicile. Son rôle ne réside pourtant pas uniquement dans la réalisation de soins techniques. Ce qu’elle aime par-dessus tout, c’est nouer « une relation privilégiée » avec les personnes qu’elle prend en charge. La fraternité semble être indissociable des missions des infirmiers libéraux. Lorsqu’elle intervient au domicile d’un patient, c’est elle qui doit s’adapter et non l’inverse. On s’immisce dans l’intimité du patient selon ses conditions et ses habitudes de vie.
Mélanie parle des patients avec empathie et affection. Lorsqu’on intervient chez une personne tous les jours, plusieurs fois dans la journée, le lien se fait inéluctablement. Certains patients « la connaissent autant qu’elle les connaît« , tout comme les proches qui s’impliquent pleinement dans la prise en charge à domicile.
Lorsqu’elle intervient chez un patient qui connaît une situation de détresse, qu’elle soit d’ordre familial ou social, Mélanie ne peut se résoudre à l’indifférence. Dans ce métier, « il y a une bonne part de social. Alors parfois, on sort de son cadre de compétence pour venir en aide aux gens« . Ainsi lors de son passage à domicile, elle peut prendre le temps d’offrir un moment d’écoute à une adolescente en souffrance ou accompagner une personne analphabète à effectuer des démarches administratives.
Cette particularité du travail à domicile, Mélanie ne l’échangerait pour rien au monde. Elle envisage difficilement de pouvoir à nouveau exercer dans un service hospitalier où le relationnel est souvent beaucoup plus difficile à mettre en place.
Par ailleurs, elle s’enrichit de toutes ces expériences auprès des patients. Humainement, le gain est incalculable. « Mine de rien, on mûrit. On grandit » lorsqu’on fait face aux drames de vie que rencontrent les patients. « On relativise » et on « réfléchit différemment à ses propres problèmes ».
Épidémie de Covid-19 : une organisation nouvelle
« Période étrange » et inédite, la crise sanitaire actuelle augmente significativement la charge de travail pour les infirmières libérales. Mélanie précise que les infirmiers libéraux sont « submergés de boulot » et qu’ils interviennent auprès de personnes « dans la crainte et perdus face aux messages souvent contradictoires diffusés dans les médias ». En tant que professionnelle de santé, elle a parfois des difficultés à répondre aux nombreuses interrogations de ces patients sur l’épidémie de Covid-19.
Mélanie se porte régulièrement volontaire pour venir renforcer les équipes des laboratoires, submergés par une forte demande de tests PCR. Par ailleurs, les tests de dépistage à domicile lui permettent de faire connaître le métier d’infirmière libérale. Malgré le contexte anxiogène qu’a instauré l’arrivée du coronavirus en France, les gens sont majoritairement « très accueillants et bienveillants ». C’est ainsi l’occasion d’échanger avec eux et de leur expliquer les différentes missions de l’IDEL : accompagnement de fin de vie, prise en charge de patients atteints de maladies chroniques, éducation thérapeutique, etc…
En effet, elle constate que de nombreuses personnes ignorent le rôle de l’infirmière à domicile. La multiplication des tests PCR permet donc de faire connaître les spécificités de cette profession. De plus, elle reçoit beaucoup de paroles encourageantes qui aident à faire face à cette « période bizarre ».
Aux futurs IDEL, aux futurs étudiants infirmiers
Forte de son expérience, Mélanie conseille fortement à tous les infirmiers et infirmières qui souhaitent tenter l’aventure du libéral de « commencer par un remplacement ». Remplacer une infirmière libérale permet de se rendre compte de la réalité du terrain (organisation, facturation, etc…) sans prendre le risque de se retrouver en difficulté.
En tant qu‘infirmier libéral remplaçant, vous bénéficiez de « l’écoute et des conseils de l’IDEL titulaire« . Effectuer des remplacements en amont de son installation définitive permet aussi d’appréhender les particularités d’une prise en charge à domicile, « très différente du soin protocolaire de l’hôpital« .
Mélanie adresse aussi un message de soutien et d’encouragements aux étudiants et étudiantes en soins infirmiers : lorsqu’un stage se passe mal « ne jamais baisser les bras ! Ne pas se décourager et aller de l’avant » puis « on oublie et on travaille ensuite avec notre propre personnalité.«
Tous les infirmiers et infirmières ont connu ce stage qui vous donne envie de tout abandonner, qui vous laisse penser que ce métier n’est pas pour vous. Pourtant, comme l’explique Mélanie, « si on se lance dans des études infirmières, c’est qu’on a l’envie de le faire !« . Une fois diplômé(e), « ce métier offre tellement de possibilités ».
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