Mise à jour: 9 août 2022
Christine est devenue infirmière après une reconversion professionnelle. Depuis près de 10 ans, elle exerce en libéral dans le secteur rural. Malgré une vocation et un désir d’aider les autres, elle fait face aux difficultés liées aux faiblesses du système de santé et à la réalité du monde libéral. Découvrez ce troisième article de notre série Portrait d’infirmière.
Infirmière : une seconde carrière
À 18 ans, Christine souhaitait devenir sage-femme. N’ayant pas la possibilité de financer ses études, elle débute sa vie professionnelle en tant qu’assistante de direction dans le domaine pharmaceutique. En parallèle, elle obtient la validation de différents diplômes qui lui permettent de tenter le concours d’entrée à l’école d’infirmière qu’elle intègre en 2005. Son objectif est alors de devenir puéricultrice.
Christine est diplômée à la suite de trois années d’études menées en parallèle de sa vie de famille . Face à l’organisation nécessaire pour entamer une année d’études supplémentaire, elle abandonne l’idée de devenir puéricultrice et débute comme infirmière en maison de retraite.
Puis, après deux ans d’exercice, elle prend la décision d’ouvrir son cabinet libéral. Elle est alors animée par l’envie d’accompagner les personnes dépendantes dans le confort de leur domicile et de les « aider en amont » du placement en maison de retraite.
Christine mûrit sérieusement son projet. Elle travaille alors dans un service d’hospitalisation à domicile. Cette expérience en HAD s’est avérée très vite épuisante, mais lui a permis de se faire connaître et de faciliter son installation en libéral. En trois mois, elle avait constitué une tournée suffisante.
La solitude du monde libéral
Christine a vite été confrontée au manque d’entraide et à la solitude du monde libéral. Avant de se lancer, elle a sollicité de nombreux infirmiers libéraux de son secteur afin d’être conseillée et un seul a répondu à sa demande. Dès les premières démarches administratives, on lui explique qu’elle risque de se « retrouver dans un panier de crabes ».
C’est pourquoi Christine conseille aux infirmiers et infirmières de se lancer en libéral à plusieurs (collaboration, société d’exercice libéral, etc.) pour ne pas être confrontés à cette solitude. En effet, malgré une capacité à mener tout de front, Christine « garde tout en elle ce qui n’est pas toujours bon ».
Désormais, elle travaille en collaboration avec un infirmier libéral ainsi qu’avec une infirmière libérale remplaçante. Elle effectue ses tournées en milieu rural et prend en charge entre 40 et 50 patients en une journée. Cette solitude concerne aussi les patients, qui sont parfois livrés à eux-mêmes dans des conditions de vie qui ne sont pas adaptées à leur état de santé.
Elle explique ainsi que l’un de ses patients, atteint de démence suite à une cirrhose, vit seul dans une maison avec escalier. Malgré des démarches effectuées pour l’aider, le patient continue aujourd’hui à vivre seul dans des conditions dangereuses et qui présentent un risque pour sa santé.
Une vocation fragilisée par les déceptions
Le désir de bien faire, d’aider et d’accompagner les personnes dont l’état de santé est fragile, anime Christine qui se retrouve pourtant impuissante face à certaines situations. Les familles, qui ne peuvent s’investir pleinement dans les soins de leurs aînés par manque de temps ou de moyens, doivent faire face à « un système de santé surchargé ».
Les médecins sont moins disponibles, les patients plus impatients et l’épidémie de Covid-19 n’a fait qu’accentuer cette impatience. La société est plus « individualiste » notamment face à l’accompagnement des personnes âgées dépendantes. Mais l’infirmière libérale ne se décourage pas. Elle a à cœur d’assurer le suivi de ses patients. Alors, elle prend le temps de prendre des nouvelles de ses patients auprès de la famille (en cas d’hospitalisations par exemple) et de « tout mettre en lien ».
Pourtant Christine l’assure, « c’est un beau métier » qui offre « plus de liberté ». La motivation financière doit être secondaire pour assurer une prise en charge de qualité. En effet, même si une infirmière libérale gagne en moyenne plus qu’une infirmière hospitalière, elle doit aussi fournir le double du travail : « Nous n’avons pas le droit d’être malades. Il n’y a pas d’équipe pour nous soutenir. Nous devons aller travailler, qu’il neige, qu’il pleuve ou qu’il vente ».
Désormais, Christine songe à quitter un jour le monde libéral. Pour préserver sa santé notamment : « Au bout de 10 ans, je traîne ». Les maux de dos qui la tiraillent lui rappellent qu’elle « doit se préserver ».
Enfin, il ne faut pas hésiter à se lancer en libéral surtout « lorsqu’on est jeune avec la bienveillance et l’envie d’aider. Il ne faut pas avoir peur de se retrousser les manches et s’impliquer pleinement ». Malgré les difficultés, il faut garder cette bienveillance et la bientraitance et adapter sa tournée aux besoins des patients.
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